C’est une nouvelle intéressante : dans le cadre de l’enquête menée dans l’affaire des sondages de l’Elysée, dont on a déjà rendu compte ici, une perquisition a été menée aujourd’hui chez Patrick Buisson, âme noire du sarkozysme, principal responsable de la droitisation de la stratégie électorale de l’UMP lors de la dernière campagne, mentor de Guillaume Peltier et conseiller de Jean-François Copé.
Ainsi, la justice, dont on loue tant l’efficacité et l’indépendance ces temps-ci, entre-t-elle enfin chez le grand inspirateur, dont une grande partie de la stratégie politique est assise sur l’étude rigoureuse des sondages d’opinion. Nicolas Sarkozy, on s’en rappelle, était un grand consommateur de sondages, et les commandes passées, en violation des règles de la commande publique, se réalisaient par le truchement de la société de Patrick Buisson, comme Europe 1 le rappelle aujourd’hui.
Hormis l’aspect judiciaire, l’affaire a aussi un versant politique, notamment en ces temps troublés. Alors que l’opprobre est jetée sur la classe politique toute entière suite à la démission de Jérôme Cahuzac, la méfiance ne manquera pas de profiter aux extrêmes, de droite ou de gauche, dans le droit fil des exemples grec et italien. Elle vient rappeler la droitisation en cours de nos sociétés : sur ce sujet, on pourra d’ailleurs conseiller la lecture du livre de Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, Le mystère français, selon lesquels, au regard d’une étude démographique et politique, la France n’a pas fini de virer à droite… résultat que ne fait en réalité que confirmer une tendance à l’oeuvre dans toute l’Europe.
Rappelons-nous qu’il y a à peine un mois (une éternité dans le temps médiatique), un sondage faisait de Marine Le Pen la 2ème femme politique préférée des français. Et les prochains risquent de ne pas être en sens contraire.
Il va sans dire qu’à un an des municipales et des européennes, le terrain est glissant…
Y a-t-il lieu aujourd’hui de nous replonger dans nos lectures métaphysiques qui nous parlaient, jadis, du combat entre le bien et le mal ? Encore que certains discuteront, sans doute, pour savoir où est l’ombre et où est la lumière.
Romain Rambaud