09/10/2014 : Raymond Avrillier et le droit des sondages : une rencontre et du travail.

On ne choisit pas nécessairement complètement son affectation à l’issue du concours d’agrégation, a fortiori lorsqu’on se situe au début du troisième tiers du classement… mais la vie fait parfois bien les choses.

Grenoble est une très belle affectation. Il y aurait beaucoup de choses positives à dire sur la ville, bien sûr, mais surtout sur l’Université Pierre-Mendès-France, la Faculté de droit de Grenoble.

Mais il y a mieux. Grenoble est la ville de Raymond Avrillier.

M. Avrillier est, à Grenoble, une star, controversée, peut-être, mais une star quand même. Le « tombeur de Carignon », (l’ancien maire RPR de la ville condamné pour corruption), même s’il n’aime pas qu’on l’appelle comme cela. Un « militant de la transparence », comme l’a joliment appelé Le Monde. L’homme, maire-adjoint honoraire, formateur d’élus, est évidemment un assidu des procédures judiciaires. Un requérant d’habitude, dirait-on dans le jargon du contentieux administratif. Un empêcheur de tourner en rond, certainement, pour une partie de la classe politique grenobloise.

Mais ce que l’on sait moins, à Grenoble, c’est que Raymond Avrillier est aussi une star… du droit des sondages.

C’est en effet lui qui est à l’origine de l’affaire des sondages de l’Elysée, dont on a déjà parlé ici sur ce blog : c’est grâce à son recours devant la CADA que les sondages commandés par Nicolas Sarkozy, sans mise en concurrence, ont pu être obtenus car constituant des documents administratifs communicables. C’était là le début de l’apparition au grand jour de Patrick Buisson, l’éminence entre lumière et ombre, certes en disgrâce depuis l’affaire des écoutes clandestines, mais qui a inauguré la primauté intellectuelle des sondeurs à l’UMP. 

C’est également lui qui a cherché, vainement, à poser la question des sondages de l’Elysée lors de l’examen des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Comme on l’a expliqué sur ce blog à propos de l’affaire Bygmalion, Raymond Avrillier avait demandé à la CNCCFP, en plus des sondages inscrits aux comptes de campagne, d’examiner la ré-intégration des sondages de l’Elysée dans les comptes… Celle-ci avait alors avoué son impuissance à mettre en oeuvre les mesures d’instruction nécessaires. Quant au Conseil constitutionnel, il a tout simplement mis le problème sous le tapis, et sur ce point la décision ne brille que par son silence, assourdissant pour les oreilles attentives.

C’est enfin lui qui, aujourd’hui, a déposé un recours contre le communiqué de la Commission des sondages à propos de l’affaire du sondage Sarkozy/Valeurs actuelles, considérant que sa décision n’était pas suffisante, pendant devant le Conseil d’Etat.

D’un point de vue scientifique, c’est donc une chance de se trouver dans la ville d’un acteur si important du droit des sondages, voire un clin d’œil du destin.

Au demeurant, l’homme est sympathique et accessible. D’ailleurs, il est d’accord.

Bientôt, si tout va bien, le centre de recherche juridique (CRJ) de l’UPMF organisera, en collaboration avec le Dauphiné libéré, une conférence citoyenne sur le droit des sondages, animée par M. Avrillier et votre serviteur, et modérée par un journaliste du DL.

La recherche peut avancer. Le droit des sondages continue donc à Grenoble. Il a même trouvé, ici, de quoi gravir une nouvelle montagne.

A suivre !

Romain Rambaud