21/03/2013 : La Caravane des Printemps de Youth Diplomacy à la rencontre de l’opinion publique des révolutions arabes

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C’est un projet intelligent que lance aujourd’hui l’association Youth Diplomacythink tank ayant pour objet de rapprocher les jeunes de la mondialisation.

Sur une idée d’Amine Abdelmadjid et Thomas Fiang, qui ont publié aujourd’hui une tribune sur le Huffington Post, l’association lancera en juillet 2013 une « Caravane des printemps ». Le site internet de l’opération, http://caravane-des-printemps.org/ présente de manière détaillée le projet et aura vocation à rendre compte du voyage scientifique de la caravane. Celle-ci donnera par ailleurs lieu à un wiki-livre et à des expositions.

Comme l’indique le site internet de Youth Diplomacy, la Caravane des printemps est une « analyse expérimentale des Printemps arabes. Il s’agira d’une étude sur le terrain pour comprendre les conditions de réalisation des mouvements révolutionnaires. La Caravane traversera le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte en Juillet 2013. » 

Onze jeunes vont donc parcourir ces pays de l’Afrique du Nord afin de savoir ce qui explique l’émergence d’une révolution dans le contexte propre à chaque Etat, et aussi ce qui les rapproche. De ce point de vue, il ne fait guère de doute que l’étude de l’opinion publique des pays arabes  aura une place fondamentale dans le projet.  Dans la construction de la révolution, dans les pays où elle a eu lieu, mais aussi dans l’alternative à la révolution, dans ceux où elle n’a pas eu lieu.

La Caravane des Printemps rejoint donc nos propres préoccupations, puisque nous consacrions récemment dans ce blog un article sur l’opinion publique et les sondages dans une démocratie naissante, en prenant pour exemple la Tunisie. Nous suivrons donc de très près les études et les évolutions de la Caravane des Printemps.

Et ce, d’autant plus que le projet de la caravane vise aussi à répondre à une question plus actuelle encore, et qui entre directement dans notre champ d’étude, à savoir, comment ces mouvements peuvent se traduire en politique et s’inscrire dans la durée ?

Pour répondre à cette question, la caravane ne devrait pas, nous semble-t-il, se contenter d’étudier la manière dont la révolution a émergé dans l’opinion publique avant de se transformer en action et de conduire à la modification des institutions.

Si elle veut aller jusqu’au bout de son objet, elle devra aussi étudier comment la révolution vit, aujourd’hui, avec l’opinion publique en mouvement, comme l’a montré l’exemple tunisien encore récemment. Et donc s’intéresser aussi aux sondages et à leur encadrement juridique. Car il n’y a pas que dans les révolutions arabes que les représentants ont cherché à capturer la révolution.

L’étude de la formation et de la structure de l’opinion publique des pays arabes dans le cadre du processus révolutionnaire, de la place de celle-ci dans la formation de la volonté générale, de la manière dont elle se fait aujourd’hui entendre, mais aussi l’émergence et l’encadrement potentiel des sondages dans ces pays, sont des questions indissociables. C’est ce que rappelait sur ce blog un sondeur tunisien, Hichem Guerfali.

En outre, les printemps arabes ouvrent peut-être une autre révolution, dans l’étude de l’opinion publique et des sondages. Alors qu’en Occident, ces derniers sont apparus dans des démocraties matures, c’est la première fois, avec peut-être les révolutions sud-américaines, que de tels évènements se déroulent accompagnées d’instruments ayant pour vocation de mesurer scientifiquement l’opinion publique, celle-là même qui est légitime à faire la révolution. Il y a là une circonstance de nature à renouveler profondément nos analyses de la matière.

Il faut donc saluer ce projet, historique, lui souhaiter bonne chance et espérer qu’il ne soit que le point de départ d’un programme intellectuel et scientifique de plus long terme.

Romain Rambaud

 

 

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