17/04/2013 : Premier sondage de la prochaine présidentielle ! Quatre ans avant 2017… ils ont osé le faire !

La nouvelle ne pouvait pas tomber mieux, à deux jours seulement du colloque de la Commission des sondages !

Un  sondage de l’nstitut Ifop-Fiducial pour Europe 1 paru aujourd’hui, dont on trouvera la notice sur le site du Parisien, procède à la première enquête d’intention de vote pour la prochaine présidentielle, « si elle avait lieu dimanche prochain ». 

Il faut être clair : ce n’est pas, comme l’indique le parisien, un sondage qui refait le match, comme l’avait été celui publié par l’Ifop il y a quelques mois dans le JDD. C’est bien un sondage sur la future présidentielle, la question précise étant « Si dimanche prochain avait lieu le premier tour de l’élection présidentielle, parmi les candidats suivants, pour lequel y aurait- il le plus de chances que vous votiez ? » 

Il faut noter que l’offre politique testée dans ce sondage est celle de la présidentielle de… 2012. Toutefois, juridiquement, l’Ifop pouvait le faire, la présence de Sarkozy n’étant pas improbable, et aucune autre candidature n’étant incontestable à droite. De ce point de vue là, le sondage est dans les clous, la Commission des sondages ne contrôlant, lorsqu’il n’y a pas encore de candidatures officielles, que l’erreur manifeste d’appréciation.

Par contre, et même si l’IFOP prend bien garde de préciser, conformément à la jurisprudence de la Commission des sondages, que « l’Ifop rappelle que les résultats de cette enquête doivent être interprétés comme une indication significative de l’état des rapports de force actuels dans l’hypothèse d’un prochain scrutin présidentiel. En aucun cas, ils ne constituent un élément prédictif des résultats de la prochaine élection présidentielle », il reste que ce sondage d’intention de vote pour la présidentielle est réalisé… 4 ans avant la présidentielle 2017 !

Renseignements pris, il faut le dire : 4 ans avant, c’est un record ! Personne, jusque là, n’avait osé !

La question est alors celle de savoir si la réalisation d’un tel sondage est possible – juridiquement, la réponse est sans doute oui – mais aussi si la lecture de ce sondage sera accompagnée, dans les médias, de la prudence nécessaire. Et on peut craindre que la réponse à cette question soit non. Ainsi, l’interprétation du Parisien, comme on l’a dit, est erronéeQuant au site du Nouvel Observateur, il n’y a tout simplement aucune analyse.

Ce qui repose la question de l’accompagnement médiatique du sondage, qui est précisément une des faiblesses du modèle français, comme on le dira dans notre intervention au colloque… Colloque ? Quel colloque ? Maintenant que nous sommes dans la présidentielle de 2017, à quoi bon faire un colloque maintenant ? Le quinquennat, c’est beaucoup moins que 5 ans, en fait !

Bref, même si ça n’a guère de sens, ce sondage permet quand même de sentir l’état de l’opinion publique aujourd’hui. Et alors ? Et bien, Nicolas Sarkozy, qui a donc entre temps fait son grand retour sur la scène politique, gagnerait le premier tour avec 30 % des voix, devant François Hollande, à 22 %, et Marine Le Pen… à égalité, à 22%.

Il faut dire que déjà, elle était la 2ème femme politique des français. On ne peut s’empêcher de se demander si c’est là son score réel ou si elle a été un peu sous-estimée, histoire d’éviter, pour le premier sondage 2017, de mettre Marine Le Pen au deuxième tour. Et la notice ne nous apprend… rien. Un problème de transparence, encore. Tiens, nous en parlerons, aussi.

Enfin, nous n’avons pas de second tour. Allons donc ! Mais encore une fois, le droit est pour eux. L’ifop connaît bien le droit des sondages.

 

Sinon… vendredi, nous parlerons du droit des sondages, du point de vue fondamental. Le temps de revenir un peu aux choses sérieuses… et de demander à la Commission des sondages de ce qu’elle pense des sondages pour les présidentielles à quatre ans de l’élection.

 

Romain Rambaud