22/09/2014 : Jégo et le temps de parole de Sarkozy : réponse logique du CSA

S’agissant de la saisine par Y. Jégo dont on parlait hier, le CSA a répondu aujourd’hui aux journalistes d’Europe 1  sur le grief en favoritisme dirigé contre France 2.

D’après Y. Jégo, un « traitement équivalent » devrait être donnée à l’UDI. « L’UDI, troisième force politique du Parlement, constate depuis plusieurs mois l’ostracisme dont elle est victime d’une manière générale sur les chaines de télévision et plus particulièrement sur les chaines du service public ». D’après Jégo, « Les deux grandes familles de l’opposition sont en élection interne pour leur présidence, il me semblerait normal que l’équité soit ainsi rétablie entre l’UMP et l’UDI ».

La réponse du CSA à cette requête semble logique : il ne « s’immisce pas dans le dispositif des partis », et il rappelle que le décompte des temps de parole n’est ouvert que pour les « élections qui concernent tous les électeurs ». En somme, le CSA considère qu’il n’y a pas grand-chose à redire parce que c’est une affaire strictement partisane qui ne concerne pas les électeurs, mais seulement les paris : cette réponse était prévisible, notamment au regard du contexte.

La réponse manque toutefois un peu de précision : effectivement, en l’espèce, les règles relatives aux campagnes électorales ne s’appliquent pas, car il s’agit d’une élection interne à un parti (la solution est analogue, par exemple, pour ce qui concerne le financement des primaires fermées). Dès lors, la règle d’équité, applicable aux périodes électorales et qui aurait pu effectivement conduire à réserver un traitement similaire à M. Le Maire ou M. Mariton, n’a pas vocation à s’appliquer.

Cependant, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de décompte des temps de parole, puisque la régulation des temps de parole existe même en dehors des périodes électorales. Néanmoins, dans la mesure où l’on distingue dans ce cadre le bloc majorité, le bloc opposition, et les autres forces politiques de façon plus marginale, le trio Sarkozy-Le Maire-Mariton relève en réalité du même bloc, et le CSA n’a pas à faire de distinction entre eux. Dans ce cadre, c’est seulement vis-à-vis du temps de parole à la disposition de la majorité que pourrait se poser le problème…

Quant à l’UDI, elle est certes aussi en élection interne… mais le CSA considère sans doute qu’elle fait partie de l’opposition, et donc que son temps peut être rapproché de celui de N. Sarkozy ! Il ne reste plus qu’à Y. Jégo de quitter les rangs de l’opposition pour espérer un traitement plus équitable au sens du CSA…

Ceci étant, le CSA semble conscient des distorsions que cela peut provoquer, et déclare aux journalistes d’Europe 1 qu’une réflexion va être menée en vue de l’organisation de primaires en 2016, même si elles ne concernent pas l’ensemble des électeurs. Il est vrai que dans certaines circonstances, la distinction entre primaires fermées et primaires ouvertes a peu d’impact, notamment du point de vue audiovisuel : d’une certaine façon, c’est aussi une manifestation du phénomène selon lequel, décidément, les campagnes électorales ne s’arrête plus jamais.

Cette réponse, en tout cas, peut faire sourire, puisqu’en principe, les primaires de 2016 devraient être ouvertes, si on en croit les statuts actuels de l’UMP. Le CSA anticipe-t-il déjà la remise en cause des primaires ouvertes par Nicolas Sarkozy ?

Enfin, il faut ici rappeler une chose : la réflexion sur la régulation des temps de parole pendant les primaires, la CSA la promet depuis… les primaires ouvertes socialistes de 2012.

Il serait bien de se dépêcher un peu, avant qu’il ne soit trop tard. A moins que le retour de Sarkozy, balayant aussi les primaires, n’évite la difficulté au CSA.

Romain Rambaud