10/02/2013 : Elections italiennes : derniers sondages avant la nuit.

(Le droit des sondages sur Facebook, c’est ici !)

Il est donc désormais interdit de publier des sondages en Italie, et cette interdiction durera jusqu’aux élections des 24 et 25 février 2013. Le site internet de publication des sondages de la présidence du Conseil en rend d’ailleurs compte, puisqu’il indique désormais que « l’activité du site est temporairement suspendue en application de l’article 8 de la loi n° 28 du 22 février 200 et de l’article 7 de la délibération de l’AGCOM n° 256/10/CSP du 9 décembre 2010 ».

Continuent toutefois d’être présents sur le site les notices de l’ensemble des sondages publiés le 8 février 2013. Force est de constater que, confirmant le goût des italiens pour les enquêtes d’opinion, ceux-ci furent très nombreux : on compte pas moins de 28 sondages insérés sur le site pour la seule journée du 8 février ! Un record.

Ces sondages, convergents, semblent démontrer que la situation est relativement stabilisée à seulement 15 jours des élections. On soulignera ici qu’il existe en Italie un site intéressant comparant les différents sondages : le site Notapolitica.it.

Toutefois, il faut être extrêmement prudent puisque entre 20 et 30 % des sondés environ continuent de se dire indécis… et précisément, en 15 jours, beaucoup de choses peuvent changer puisque de plus en plus d’électeurs, en général, se décident au dernier moment.

Le Parti démocrate de Bersani reste en tête (entre 30 et 32%) et la coalition de centre gauche est la première force politique du pays ( environ 37%). La seconde est la coalition de centre droit (environ 30 %), menée par le Parti de la liberté de Silvio Berlsuconi (entre 18 et 22%). La troisième force du pays est le Mouvement cinq étoiles, mouvement dirigé par le comique Beppe Grillo et dont le comportement politique, au lendemain des élections, risque d’être imprévisible puisque sa logique est précisément de contester la légitimité et le fonctionnement de la classe politique italienne (entre 14 et 18 % ). Enfin, la quatrième force politique du pays, seulement, est la coalition en faveur de Mario Monti, composée d’une constellation de partis de centre droit (environ 13%).

Ainsi, même si les chiffres varient selon les sondages, ils se situent tous dans les mêmes fourchettes et donnent un ordre d’arrivée identique. La question se pose donc de savoir si les dernières évolutions de la campagne produiront ou non un bouleversement dans ce classement.

 

Les spéculations sur les résultats, dans l’attente, vont bon train. Selon Philippe Ridet, correspondant du Monde en Italie, la principale question aujourd’hui est celle de savoir si les élections n’aboutiront pas, au final, à une coalition composée des amis de Bersani d’une part et de la coalition Monti d’autre part. Trois facteurs rendent très probable une telle alliance.

 

Tout d’abord, et comme nous en avions déjà rendu compte, si M. Bersani est toujours donné vainqueur à la chambre des députés, il n’est pas du tout assuré de l’emporter au Sénat, en raison d’un mode de scrutin qui attribue la prime majoritaire sur une base régionale. Il a d’ailleurs déclaré récemment être prêt à s’allier avec tous ceux qui souhaitent faire barrage à Silvio Berlusconi, dont Mario Monti, bien sûr.

Ensuite, Mario Monti  a également intérêt à cette alliance car s’il pensait au départ pouvoir gagner, il n’est plus que quatrième dans tous les sondages, ce qui montre la réticence des italiens vis-à-vis de cette politique. Selon M. Monti, « [je] serai disponible à une alliance avec ceux qui s’engagent pour des réformes structurelles », dont M. Bersani, donc.

Enfin, cette alliance serait très bien vue d’un certain nombre d’acteurs, parmi lesquels la Banque centrale européenne, la Commission européenne et de nombreux Etats membres de l’Union européenne. Ce qui n’est pas le moindre des arguments, dans le contexte actuel.

 

On en est donc là et les politiques, qui eux continueront à commander des sondages qu’ils ne publieront pas, vont continuer à réfléchir à leurs combinaisons. Quant aux italiens, ils doivent se déterminer sans savoir ce que pensent leurs concitoyens. En somme, une élection à l’aveugle. On voit toutefois mal l’intérêt d’une solution aussi sévère et sa justification dans un Etat libéral où la liberté d’expression est un droit fondamental.

 

Romain Rambaud