23/02/2013 : Droit des sondages italien : dernières courses clandestines avant le vote de demain… et le grand saut dans l’inconnu.

(Le droit des sondages sur Facebook, c’est ici !)

Les italiens commenceront à voter, pour les élections nationales comme pour les élections régionales, dès demain.

L’interdiction de publier des sondages, prévue par l’article 8§1 de la loi n°28 du 22 février 2000, prendra fin à l’issue des opérations de vote. 15 jours sans sondages, 15 jours à l’aveugle, en tout cas pour le grand public italien. 15 jours pendant lesquels, et les requêtes ayant conduit à accéder à ce blog en témoignent, de nombreux internautes, français et italiens, n’ont cessé de chercher des sondages d’intention de vote, afin de suivre et d’anticiper les résultats des élections italiennes. 15 jours pendant lesquels seuls la classe politique, les milieux d’affaires et les journalistes bien informés ont eu accès à cette information… et s’attendent à ce qu’il se passera demain, peut-être.

Car pendant cette période, de nombreux sondages non publiés ont été réalisés. Nous avons fait état ici, dans un article précédent, de la façon dont certains médias italiens ont contourné l’interdiction de publication, et notamment le site Notapolitica.it. Ce site a en effet fait état de fausses « courses de chevaux clandestines », publiant en réalité des sondages interdits et donc grimés en compétitions équestres. Sans doute ce site a-t-il connu un franc succès.

L’AGCOM, quant à elle, et répondant à la question de savoir ce qu’elle pourrait faire, a constaté certaines violations de l’interdiction. Notamment, elle a publié le 21 février 2013 un communiqué de presse constatant la publication irrégulière d’un sondage dans un journal... Mais pour le moment, elle ne semble pas vouloir arrêter les courses de chevaux.

 

Et c’est ainsi que tombent encore, aujourd’hui, les derniers résultats des dernières courses des derniers hippodromes. Et d’autres sondages déguisés, sans doute, seront-ils publiés dans les heures qui viennent.

Sur l’Hippodrome di Spinol, hippodrome national, Le Bien commun, soit le Parti démocrate, est donné stable et gagnant à 33.2 %, tandis que les scores de Varenne et de ses partis alliés, soit la coalition Berlusconi, sont remontés à 29,2%. Derrière, certes, mais de si peu. Quant au troisième cheval, il semble que cela soit Igor Brick, soit Beppe Grillo, qui est donné au score faramineux de 17, 8%… soit presque le score de Marine Le Pen aux dernières élections françaises. Quand à Mario Monti, il est donné à un score de 7,8%, sa coalition pouvant monter à 11,2 %. Et ces dynamiques se retrouvent au niveau régional, comme on le voit au Grand Prix du Pirellon,

 

Ces scores représentent peut-être la pire situation pour l’Italie. Certes, Bersani est donné gagnant, mais la force de la coalition qu’il aurait pu former avec Monti s’affaiblit à mesure que les scores de ce dernier baissent. Quant à Silvio Berlusconi, il est beaucoup plus haut que prévu et se retrouve en faiseur de Roi… ce qui n’est pas la meilleure des nouvelles pour la stabilité gouvernementale de l’Italie. Enfin, en ce qui concerne Beppe Grillo, le fait qu’un candidat de ce type finisse aussi haut est une inconnue majeure. Que fera-t-il, lui qui a construit sa campagne dans le rejet de la classe politique italienne et la sortie de l’euro, quand il aura renvoyé une partie de la classe politique « à la maison » ? Quelle politique suivront ceux qui, en son nom puisqu’il ne se présente pas personnellement, iront au Parlement ? Personne ne le sait, et peut-être même pas Beppe Grillo lui-même.

Le vote de demain préfigure donc un grand saut dans l’inconnu, et la principale crainte de la classe politique italienne et européenne est de voir émerger une Italie ingouvernable. Une difficulté supplémentaire pour faire face à la crise économique européenne, qui pourrait reprendre dans l’hypothèse où l’Italie redeviendrait au maillon faible aux yeux des marchés, des entreprises et des gouvernants. En somme, les résultats du vote de demain sont imprévisibles politiquement et économiquement.

 

De ce point de vue, et pour rester sur les sondages, on peut gager que dès l’élection terminée, ceux-ci tourneront de nouveau à plein, cette fois non pour déterminer des intentions de vote mais pour chercher quelle coalition et quelle politique il conviendra de mettre en place en Italie, de façon au moins aussi intensive qu’avant le début des élections. Et comme avant, ce sera un véritable casse-tête.

 

Affaire à suivre… dès demain !

 

Romain Rambaud